La fibre voyageuse
C’est au domaine du Trouillet, ce lieu paisible entouré de prairies où paissent des brebis, lieu inspirant où se croisent et se côtoient artistes et créateurs, qu’ Aurélie Morillas nous a donné rendez-vous. D’emblée nous sommes séduites par sa grande vitalité, son enthousiasme, la manière dont elle ponctue souvent ses propos d’un éclat de rire. Cette femme, ébéniste de formation, tisse sa vie entre le bois et la laine, un mélange harmonieux de lignes et de courbes, à la fois artisane et artiste.
Enfant déjà, elle était attirée par les activités manuelles des ateliers du mercredi, s’essayant à la poterie, au bricolage, créant ses teintures et ses potions magiques ; elle adorait aussi, démonter et remonter des objets. Sa grand-mère, très présente, lui a transmis sa passion du textile et l’a initiée à la broderie, au crochet.
C’est donc tout naturellement qu’elle va se tourner vers les métiers d’art, poursuivre des études, où elle donne libre cours à son besoin de créativité et d’espaces, en particulier l’architecture intérieure. “En lycée professionnel, il y avait peu de filles, nous étions dix sur cinq cents élèves. Les filles étaient plutôt destinées à aller en bureau d’études et les garçons en ateliers. Mais moi, non! Je voulais aller en ateliers, j’ai été tenace !” nous dit-elle en riant. Parallèlement, des stages dans des entreprises comme Ikea vont lui apporter des connaissances dans le domaine commercial. Elle touche au monde de l’industrie.
On sent en elle une grande solidité, elle se dit têtue et téméraire. Cette force, alliée à la curiosité, l’amène à voyager dans toute l’Europe. Elle s’installe dans un endroit pour apprendre des techniques traditionnelles du travail des textiles et de la laine, très différentes selon les pays par leurs motifs, leurs couleurs, les matières. En Finlande, elle rejoint des ateliers où des femmes tissent au mètre. Elle se découvre une passion pour la laine. Elle aime le contact avec la matière. Des îles Orkneys à la Sicile, de la Lituanie à la Pologne, elle tisse autant les rencontres que les matériaux. C’est un tour d’Europe autour des fibres végétales et animales avec pour objectif d’aller à la rencontre des artisans pour savoir comment, aujourd’hui, on peut préserver les savoir-faire et les transmettre. Ses expériences sont parfois très physiques comme lorsqu’il lui faut laver la laine, la faire sécher, l’étaler. Elle s’est beaucoup interrogée : que faire de cette matière première que l’on brûle le plus souvent en grande quantité ?
L’originalité de ses créations lui a valu des prix. Ses meubles au bois clair sont habillés de laine, de broderies dans un style organique avec un côté « hygge » sans doute inspiré de ses voyages nordiques.
Aujourd’hui Aurélie partage son temps entre ses créations et la transmission, ateliers chantiers autour de la laine, ateliers bois et laine, cafés tricots, teintures. Elle se sent bien dans les zones rurales, authentiques, où l’écoute mutuelle, la simplicité sont de mise. “ La nature est inspirante pour moi, ça ancre dans le concret, on va à l’essentiel !”.
Elle continue à parfaire son artisanat d’art avec une vision européenne. D’ailleurs, elle met au point un atelier ambulant qui lui permettra de voyager encore, de créer, de transmettre.
Ses carnets de voyage aux couvertures finement brodées réservent encore bien des secrets qu’elle nous dévoilera peut-être un jour.
Son message c’est d’oser se faire confiance, se lancer dans l’aventure, s’enrichir des rencontres.
Contact: Aurélie Morillas
Tel : 06 70 47 65 25
Mail : aurelie.morillas@gmail.com
Site : https://delordanslesmains.wordpress.com