À travers le récit qui met en scène des personnages attachants et bien typés, Aurélie nous fait partager la problématique du Lisbonne d’aujourd’hui. Entre les nécessaires besoins de rénovation et le vampirisme des promoteurs immobiliers, l’avenir de cette capitale européenne se profile avec beaucoup d’interrogations. Le cœur de la ville est peu à peu déserté par les autochtones car les loyers deviennent trop chers ; les logements rénovés restent inoccupés car leur rentabilité est meilleure en les inscrivant au registre des hébergements Airbnb. La ville y perd de son authenticité, de son pittoresque, en voyant disparaître beaucoup de petites échoppes et restaurants typiques ; et la contradiction, c’est que c’est justement cette authenticité que les touristes recherchent.
Amenant habilement cette problématique en l’éclairant avec la perspective de chaque acteur, victime ou témoin, Aurélie nous amène à considérer les divers angles de cette situation, sans discours militant ou théories de développement urbain, seulement avec le vécu sensible de chaque personnage. On a envie d’aller voir Lisbonne, de découvrir les quartiers qu’il nous semble déjà connaître sous la plume d’Aurélie, mais sans aller dans un Airbnb !
Aurélie Delahaye, « Donne-moi la main, Ménino », Éditions Anne Carrière