Aujourd’hui, le rideau de fer est baissé, c’est lundi. Mais au-dessus de l’épicerie, quatre femmes, investies dans Epiceyrieux, nous accueillent dans la salle à manger du restaurant. Tisane, café et petits gâteaux, on sent le souci d’un accueil chaleureux. Nadine Gréco, co-gérante, est l’une des trois femmes à l’initiative du projet. Avec Elisabeth et Natou, elles se sont connues au sein de l’association “Nature et progrès” et, en travaillant à Ardelaine, elles avaient déjà une belle expérience du projet collectif.
Claire, coopératrice et agricultrice, Maïté, coopératrice, Ruth, coopératrice et salariée, accompagnent Nadine pour nous parler avec enthousiasme de leur épicerie hors du commun.
Comment est née l’idée de cette épicerie ?
Tout d’abord d’un constat : le manque d’approvisionnement local en bio sur Le Cheylard. Nadine et ses comparses ont eu envie, en tant que parents d’élèves, d’améliorer la cantine scolaire du Cheylard et ont proposé aux écoles une animation par trimestre sur le thème de l’alimentation.
En 2017, la fête des possibles à Saint Martin de Valamas a été l’occasion de rencontrer les projets alternatifs du secteur et une table ronde, intitulée “ Rêvons les Boutières”, a vu l’émergence d’un SEL et de la recyclerie du Cheylard puis en 2018, de la “nouvelle manufacture” de Saint Martin.
L’idée d’une épicerie bio et locale s’est concrétisée et il a fallu trois ans de divers dossiers et montage financier pour permettre l’ouverture en Mars 2020.
Quels sont les objectifs d’ Epiceyrieux ?
L’objectif primordial c’est que le territoire nourrisse sa population. La forme juridique de SIC qui a été choisie crée un dynamisme en associant producteurs, consommateurs, salariés et associations. lls sont trente-cinq coopérateurs aujourd’hui. La forme SIC permet également l’entrée de collectivités territoriales.
Il s’agissait en outre de maintenir l’animation du centre-bourg, de faire se rencontrer les différents réseaux de population et de créer des emplois. Aujourd’hui, il y a trois salariées.
La clientèle est diversifiée ; en cela, l’épicerie a réussi son rôle de lien social, comme les épiceries à l’ancienne qui étaient le pivot de la vie sociale d’un village et où on échangeait les nouvelles et même des recettes, des conseils.
Quels étaient vos atouts personnels pour monter ce projet ?
Le premier et principal atout, c’est la conviction !
C’est la certitude que ce projet correspond à un besoin du territoire !
Il faut y ajouter l’envie d’agir pour notre territoire et d’arrêter de se plaindre, le plaisir de la rencontre, le fait de savoir bien s’entourer, la curiosité d’aller voir ailleurs des projets semblables, se mettre en réseau avec eux, ne pas rester isolé, savoir également faire quelques concessions pour durer sans renier son idéal, même si on paraît être des extraterrestres aux yeux de certains.
Être des femmes n’a pas posé de difficultés particulières auprès des instances où on a eu à défendre notre projet, car notre motivation se sentait.
Comment avez-vous été accueillies localement ?
Pendant les travaux d’aménagement, on a fait le spectacle sur la place ! On avait de la visite tous les jours, les gens suivaient l’avancée des travaux, parfois dubitatifs, parfois encourageants, toujours étonnés !
On a même eu une réflexion très machiste une fois, par un curieux qui nous demandait : “ Et il est où le patron ?” Quand on a répondu qu’il n’y en avait pas, que c’étaient nous trois les co-gérantes, il a ajouté : “ Ah oui ! Alors il fallait bien être trois !”
Maintenant, l’épicerie est bien acceptée, il y a une bonne mixité sociale ; elle fait partie du paysage du centre-ville du Cheylard.
Quels sont vos projets de développement ?
Le projet de restaurant était présent dans nos idées dès le début ; mais il fallait d’abord rôder l’épicerie. On a cependant dès le départ aménagé une cuisine professionnelle à l’étage, uniquement avec du matériel d’occasion, sauf les chambres froides.
L’idée est bien sûr de se démarquer de ce qui se fait ici, en proposant une restauration bio et locale, végétarienne ou végan pour ceux qui le souhaitent, mais pas seulement.
Un premier essai de fonctionnement sur quelques mois, avec un salarié, a donné de bons résultats au niveau de la fréquentation et de la satisfaction des clients. Mais c’était trop lourd financièrement. Une réflexion a donc eu lieu avec les coopérateurs et on a décidé de louer la cuisine à une personne ou un couple qui ne se consacrerait qu’à cela. On est en train de finaliser le montage financier et le restaurant devrait ouvrir début 2023.
Bonne nouvelle ! Le restaurant a ouvert ses portes la dernière semaine de Janvier.
Il s’appelle : “Le restau perché”.
Il sera ouvert du mardi au vendredi pour les repas de midi, et le vendredi et le samedi pour les repas du soir. La réservation est conseillée au 07 83 30 28 71.
Contact Epiceyrieux : 04 75 30 22 42 www.facebook.com/epiceyrieux