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EDUCATIONS PLURIELLES. « Petits progrès, grandes victoires »

Peut-on trouver plus bel endroit pour travailler que ce château ardéchois sur les hauteurs de St Barthélémy-Grozon, entouré d’arbres magnifiques et jouissant d’une vue panoramique sur la campagne environnante ? Probablement pas C’est là, par un beau jour d’hiver ensoleillé, que nous avons rencontré Marion Soubeyrand, enseignante mise à disposition de l’IME Soubeyran ( Institut Medico Educatif ).

Ce qui frappe au premier abord chez elle, c’est ce mélange très personnel de rigueur et de spontanéité rieuse. On sent que ce temps qu’elle nous consacre va très vite et très agréablement passer !

    Elle nous confie avoir toujours été intéressée par l’analyse sociétale, et avoir toujours voulu être utile concrètement en œuvrant pour plus de justice et d’équité. Quand elle était étudiante, elle a été bénévole dans diverses structures :  enseignante pour des enfants tsiganes une fois par semaine, puis bibliothécaire dans des écoles de Lyon, puis bénévole dans un orphelinat au Pérou, où il y avait aussi des enfants en situation de handicap. Elle n’était pas sûre de vouloir enseigner, mais sa vocation s’est précisée au fil de ses multiples expériences, jusqu’à ce qu’elle finisse par passer – et réussir- le concours de professeur des écoles. S’en sont suivies quelques années de travail dans une école ordinaire, puis en tant que maître E à l’école de Lamastre. Le maître E est spécialisé dans la difficulté scolaire et travaille en collaboration avec l’enseignant. Ces deux années ont été une révélation pour elle : “ Oui, c’est ça que je veux faire !”

    Lorsqu’il lui a été proposé d’enseigner à l’IME, elle a accepté.  Elle y enseigne à une classe de 10 enfants de six à douze ans, en binôme avec une éducatrice, dans le cadre d’une équipe très complète : psychologue, orthophoniste, ergothérapeute, maîtres d’ateliers. Ce fonctionnement est très enrichissant car il permet de croiser les regards et de ne pas être seule face à une difficulté. Pendant tout ce temps, elle a continué à se former et a passé d’autres concours, plus spécialisés : le CAPPEI ( Certificat d’aptitude professionnelle aux pratiques de l’école inclusive), puis le CAFIP EMF (maître-formateur). Elle a fait beaucoup de recherches au niveau de la didactique des apprentissages.

Son objectif est, dit-elle, de :« mener des projets qui ont du sens pour mes élèves et qui soient efficients pour les apprentissages ; qui soient également en lien avec la nature ». Pour la nature, c’est facile dans ce cadre magnifique. Quant aux projets, elle donne l’exemple de son projet « au fil de l’art », autour de l’ombre et de la lumière ; travail en classe, sorties spectacles, séances au Domaine du Trouillet à Alboussière avec 2 compagnies théâtrales en résidence…Tout ceci contribue à ouvrir l’école sur l’extérieur, un objectif qui lui tient à cœur.

La question principale qui l’anime est : comment apprendre à apprendre ? Comment « rendre visible l’invisible », c’est-à-dire les règles implicites qui ne sont pas acquises par tout le monde en même temps ? Et pour ce faire, tout petit progrès est une grande victoire pour les élèves : par exemple, réussir à raconter une histoire : à l’oral, à l’écrit, en passant par le dessin, la danse, le théâtre.  Marion considère qu’elle a réussi quand les enfants sont heureux d’apprendre, et fiers de leur travail. Elle a beaucoup d’autres projets, dont le but est toujours de les valoriser et de les voir s’épanouir.

Une remarque en passant : « Je travaille avec des enfants qui ont des fonctionnements qui leur sont propres, mais je n’ai pas l’impression de travailler avec des enfants en situation de handicap.»

Le premier mot qui lui vient à l’esprit pour qualifier les qualités incontournables d’un.e pédagogue est : « la flexibilité »: il faut savoir écouter, et s’adapter. Être positif et conciliant ; il faut bien sûr aussi de la patience, une capacité d’analyse des besoins des enfants – et être dans une dynamique de recherche, de réactualisation des compétences.

Pour l’école de demain, elle souhaite que tous les enfants puissent bénéficier d’un fonctionnement pluridisciplinaire tel que celui qu’elle connaît ici, et que cet accompagnement leur permette de s’épanouir et de trouver leur place. Elle souhaite que tous les enseignants aient la chance de pouvoir travailler avec une équipe éducative et de développer des partenariats avec des artistes.

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