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Florence Beaudet, rédactrice en chef à Radio France Bleu Drôme Ardèche

“Je suis de partout où je m’installe”

Dans les beaux studios de Radio de France Bleu à Valence, Florence nous accueille et nous
raconte son parcours. Elle a toujours été curieuse du monde ; elle rêvait de devenir diplomate,
ou grand reporter pour Géo. Elle a postulé en école de journalisme, puis, à l’occasion d’un
stage, on a remarqué sa voix très radiophonique et on lui a conseillé de faire de la radio.
Après un stage à France Inter puis à France culture en remplacement, elle a travaillé pour
plusieurs Radios France Bleu ( Berry, Héraut, Drôme-Ardèche). Elle est rédactrice en chef
depuis 2012.


Quel est le rôle d’une rédactrice en chef ?
Elle dirige une équipe d’une dizaine de journalistes, auxquels s’ajoutent des alternants et des
stagiaires, une trentaine de personnes au total. Elle est chargée du choix des sujets, des choix
éditoriaux, en concertation avec les journalistes.
Quelle est la structure de Radio France Bleu Drôme-Ardèche» ?
C’est une radio locale généraliste de proximité. C’est une entreprise privée financée par des
fonds publics. « On est salariés de l’entreprise, pas fonctionnaires. C’est un gage
d’indépendance. »
Quelles sont les principales motivations de Florence ?
« J’aime raconter les histoires de vie de l’endroit où je vis. Je suis de partout où je m’installe. Je
trouve que l’info locale a le pouvoir de donner davantage la parole à tout le monde. Quand on
porte la voix des autres et qu’on la fait passer par sa propre voix, c’est plus fort en émotion que
l’écrit ou que l’image. Il faut être réactif à l’actualité, permettre à des gens qu’on n’entend pas
souvent d’être entendus, vérifier les infos à diverses sources, chercher l’info qui n’a pas été
donnée, tout cela est passionnant ! Ce qui m’intéresse, c’est de réfléchir à notre place dans la
machine médiatique”.
Florence est aussi très motivée pour accompagner de jeunes journalistes dans leur
apprentissage du métier, afin qu’ils aient bien conscience qu’ils vont raconter la vie des gens :
respecter la vie privée, pas de détail sordide sur les accidents ou les crimes par exemple.
Parlez-nous de ce métier en tant que femme.
« Nous les femmes de 40-50 ans, on a été confrontées à du sexisme ordinaire sans s’en rendre
compte. Les jeunes générations y sont plus sensibles et plus réactives. »
Quand elle est devenue rédactrice en chef, elle a eu quelques remarques de la part d’hommes
politiques (remarques que l’on n’aurait pas faites à des hommes). Mais elle ne s’est jamais
sentie discriminée en tant que femme.
A propos de la marge de liberté, de l’éthique, de la neutralité ou de l’objectivité :
« Ce média n’est pas financé par la publicité ; il n’y a donc pas de censeur et une grande marge
de liberté dans le choix de sujets plus longs. On doit bien sûr porter les infos d’actualité en
priorité, ainsi que les messages de santé publique.
On donne la parole à tout le monde de façon équitable (ce qui ne veut pas dire égale). Dans les
périodes de crispation, comme le Covid, on a des reproches des deux côtés. On a de
nombreuses pressions des hommes politiques, mais pas seulement : si on n’est pas pour eux,
on est contre eux !.
Un journaliste n’est jamais complètement objectif. On essaie de maîtriser notre subjectivité et de
bien faire la distinction entre « fait vérifié » et « opinion ». En essayant de rendre les choses
plus claires ou plus intéressantes, on peut faire des erreurs, des approximations.

On n’est pas une presse d’opinion, notre travail n’est pas le même que celui d’un commentateur ou d’un
éditorialiste.
Il y a une défiance vis-à-vis des journalistes. J’essaie d’être juste le plus possible dans ce que
je fais. Notre liberté d’intervieweur, c’est de garder ce qui nous a intéressés et peut intéresser
tout le monde”.


Quelles inquiétudes pour l’avenir de la presse ?
Florence se dit inquiète pour l’avenir de la presse en général. L’intelligence artificielle peut tout
faire et semer la confusion vrai/pas vrai. « Chacun est tranché dans ses opinions, se contente
d’une seule source d’infos. Il faut un effort intellectuel pour mettre de la nuance dans les sujets
de société. Il y a aussi une fatigue informationnelle : des gens se sentent submergés d’infos,
n’en veulent plus. »
Notre rôle est d’aller chercher l’info, la vérifier, la mettre en forme pour ceux qui n’ont pas le
temps ou l’accès. C’est du service public. En cas d’inondation, de catastrophe naturelle, c’est de
la solidarité, de l’entraide, car la radio donne l’info le plus rapidement, peut guider sur la route.
C’est un média de la voiture ; les jeunes écoutent plutôt des podcasts.
Florence s’inquiète également de la réduction du budget global. « On fait plus de choses avec
moins de moyens (par exemple les infos aussi sur internet), donc on ne peut pas tout couvrir ;
on garde les sujets qui peuvent concerner le plus grand nombre. On essaie d’avoir une histoire
positive de temps en temps et de répondre à la demande de métiers qui sont en difficulté et
nous sollicitent. »
Son espoir réside dans la formation des jeunes journalistes, plus affûtés au discernement, avec
plus de diversité sociale dans les écoles de journalisme, (14 écoles en France). Ces écoles sont
encore sélectives mais des étudiants boursiers, certains sont en alternance, peuvent
maintenant y accéder.


Que serait l’idéal ?
Etre plus nombreux, pouvoir faire des podcasts, offrir des contenus plus longs, avoir les moyens
de faire de l’éducation aux médias.

Site : francebleu.fr/drome-ardeche

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