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EDUCATIONS PLURIELLES. « Rencontre avec l’école de la fourmilière à Vernoux »

Après la traversée d’un bois par une petite route, non loin de Vernoux, nous voilà plongées dans un havre de paix au milieu de la forêt. C’est ici, dans d’anciens bâtiments pour colonies de vacances, que se sont installés les occupants de la Fourmilière.

Nous étions déjà venues en visite en décembre 2021. Claire, une des fondatrices du projet, nous avait fait l’historique de la création de cette école. Claire a travaillé en tant que bénévole pendant 9 mois pour aider à faire aboutir le projet.

Elle nous a parlé de sa rencontre avec la propriétaire des lieux, Mathilde Desfosse, en janvier 2021, pour définir le but et les conditions de réalisation du projet.

Avec un grand sourire, Claire nous a décrit ce qu’était la salle de classe avant travaux, elle l’a appelée le « trou » car seul existait le toit !

Tout ce travail a abouti à un accord du rectorat en mars 2021, pour ouvrir les classes en septembre 2021 avec seize élèves et 5 adultes encadrants.

Un an après, nous voici revenues à la fourmilière, afin de voir l’évolution du projet. Nous sommes accueillies par Joanna, l’enseignante de la classe PS à CP, et par Michèle, la directrice.

Pour cette année scolaire, l’école accueille 20 enfants. Ils sont répartis en deux classes : l’une de Petite section à CP avec 9 enfants et l’autre de CE1 à CM2 avec 11 enfants. Il se trouve qu’il n’y a pas d’enfant de CE2 ni de CM2 cette année.

9 enfants sur les 20 viennent de familles qui sont venues s’installer dans la région expressément pour l’école : ce sont des familles dont un des deux parents travaille parfois en ville ou en télétravail. Un tiers des enfants était déjà bilingue (beaucoup de familles français/anglais). Les autres enfants viennent de familles de producteurs-bio, d’artisans et d’habitants de l’éco-lieu « Grain et sens » à Boffres.

Mais qu’est-ce qui fait courir les fourmis ?

C’est en tout premier lieu le projet pédagogique. L’école de la fourmilière se définit comme une école de la transition écologique et sociale. C’est une école laïque (non confessionnelle) et associative. Ses objectifs principaux sont d’aller vers un modèle de société centré sur l’écologie, grâce à une éducation dans et par la nature, de développer des valeurs de citoyenneté et de coopération, de développer l’esprit critique et d’apprendre à communiquer. L’attention à l’égalité homme/femme est présente dans l’enseignement. C’est également une école bilingue français/anglais.

La pédagogie vise à relier l’enfant au vivant. Ici, on a fait un pari sur un autre programme de vie, qui laisse la place à la poésie, à la nature, à l’émerveillement.

L’école n’est pas sous contrat de l’état, mais reçoit la visite d’inspecteurs de l’éducation nationale. Cela se passe bien, en général. Il fallait, de toute façon, que la direction soit assurée par une personne ayant travaillé dans l’éducation nationale au moins cinq ans pour pouvoir ouvrir l’école.

L’investissement des parents est très important, du fait qu’ils ont fait le choix de cette école, ce qui crée une belle synergie entre parents et enseignants. Chacun donne au minimum trois heures par mois pour l’école, mais pour beaucoup c’est bien plus que cela (chantiers participatifs, organisation d’événements…). Des parents bénévoles interviennent également en musique et arts plastiques.

Comment est organisé l’emploi du temps ?

 Six adultes encadrent les enfants, auxquels s’ajoutent la directrice et une personne en service civique.  L’emploi du temps a peu changé par rapport à l’an passé : les matinées sont consacrées au travail scolaire et aux apprentissages (qui sont aussi les apprentissages du « vivre ensemble »). Deux après-midis par semaine se passent entièrement en extérieur, en forêt ou au jardin, ce qui permet d’étudier le monde du vivant sous toutes ses formes. Les deux autres après-midis en musique, arts plastiques, sport, anglais. Lors de notre visite, les enfants étaient en train de pailler leurs plantations au jardin. Leur attention est restée concentrée sur leur tâche.

L’équipe pédagogique se réunit deux fois par semaine afin de faire le lien entre les activités d’extérieur et les enseignements. Une journée banalisée par trimestre est également consacrée à la concertation entre enseignants et intervenants. La directrice, Michèle Tricaud, aime partager son expérience de trente-cinq années d’institutrice, puis de psychologue scolaire dans l’enseignement public.

 Et financièrement ?

L’écolage représente toujours 50% des revenus de l’école (240€ par mois et par enfant / 15% de moins pour le deuxième enfant d’une fratrie). Il n’y a pas de mécène. Le reste des revenus provient de dons ponctuels, de campagnes de financement participatif et du bénéfice d’événements, comme le marché de Noël par exemple.

Après la fourmilière ?

L’école de la fourmilière accueille les enfants jusqu’au niveau CM2.

Il n’y a pas encore eu d’enfants venant de l’école de la fourmilière et entrant au collège. La peur de ne pas être au niveau au point de vue des connaissances et compétences attendues à l’entrée au collège, cette crainte-là concerne surtout les parents ; les enseignants sont confiants, ils savent qu’ils ont développé chez les enfants, outre les outils de base en français et math, des compétences solides dans les domaines des sciences de la vie et de la nature, et dans le savoir-vivre ensemble, exprimer ses émotions, surmonter ses craintes, coopérer. Deux écoles dans le Diois fonctionnent depuis une dizaine d’années sur ce modèle et les passages au collège ne posent en général pas de problème.

Faisons plus ample connaissance avec Johanna, l’enseignante de la classe des “petits”.

Johanna a fait sa formation d’institutrice à Bruxelles, dans l’enseignement public. Elle a travaillé en école internationale plusieurs années. Elle était dans une école Steiner étant enfant, ce qui lui a laissé de fortes inspirations. Mais elle n’a pas fait la formation de pédagogie Steiner. Elle a découvert la pédagogie Montessori en lisant Alvarez et elle s’en inspire.

Ce qui l’anime dans son métier, ce sont les enfants en lien avec le vivant, les voir grandir, évoluer. Elle est fière d’avoir participé à la création de cette école.

Ses objectifs : Offrir aux enfants une éducation qui leur permette de bien vivre dans ce monde, donner des outils pour qu’ils trouvent leur place.

Pour elle, les qualités incontournables d’un pédagogue sont : le calme, la patience, la bienveillance, l’empathie, être stable, donner à l’enfant un sentiment de sécurité.

Elle pense souvent aux enseignants en général et elle craint qu’il y ait de moins en moins de « vocations » parce que c’est une lourde charge de travail, il y a trop d’administratif, des classes trop chargées pour pouvoir être attentif à chacun.

Son espoir est de voir baisser drastiquement les effectifs par classe partout (10 à 15 enfants par classe maximum) et que l’on intègre la nature et les activités qui y sont liées dans la vie de la classe. Qu’il y ait également davantage de classes multi-niveaux, car cela crée des relations très riches entre les enfants qui apprennent les uns par les autres. « Quand on explique quelque chose à un plus petit que soi, on apprend aussi ! »

 

Contact : Ecole de la fourmilière : 04 75 61 72 13

Site : https://fourmiliere.org

 

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