Un système agricole cohérent
Depuis 2015, Noémie et Nathan font revivre la ferme du Chant du Riou, sur les hauteurs de Désaignes. Constitués en GAEC (Groupement Agricole d’ Exploitaion Commune) en 2019, ils s’occupent tous les deux à la fois du troupeau de chèvres et de la fromagerie, afin que personne ne soit indispensable. Ils ont cependant chacun leur domaine de responsabilité : Noémie c’est plutôt la fromagerie et les marchés, Nathan plutôt les chèvres, les pâtures, le foin.

« C’est important d’avoir chacun notre regard sur l’ensemble des secteurs d’activité de la ferme ; mais, si on n’est pas d’accord sur un choix, c’est le responsable de ce secteur qui aura le dernier mot ! »

Noémie était bien préparée pour prendre une ferme, étant fille d’agriculteurs. Elle a pris quand-même le temps de « voir autre chose », notamment une fac de biologie, un concours d’auxiliaire de puériculture et des « petits boulots » pendant trois ans.
En 2014, la terre la rappelle. Sa maman ne peut plus travailler et l’embauche comme aide sur sa ferme. En 2015, l’opportunité se présente d’acheter une exploitation toute proche et Noémie et Nathan franchissent le pas. Nathan, qui était jusque-là ingénieur, diminue petit à petit son activité dans ce domaine ; lui aussi avait rêvé de s’installer en agriculture.
A la ferme du Chant du Riou, il y a principalement un troupeau de chèvres (une quarantaine actuellement), mais aussi des vaches et des cochons.
« On a décidé d’essayer de faire un système cohérent, nous explique Noémie. Les chèvres font du débroussaillage mais elles gaspillent beaucoup d’herbe. Les vaches passent après et elles nettoient tout. Si les cochons pouvaient passer aussi après, on n’aurait plus qu’à semer (non, ça c’est pour rire !). Les vaches nous donnent du fumier pour le jardin et les cultures. Les cochons sont nourris avec le petit lait de la fromagerie. Rien n’est perdu ou gaspillé. C’est un équilibre entre l’homme et l’animal qu’on essaie de trouver. C’est un système de ferme qui est davantage viable parce qu’on n’a pas qu’une seule production : il y a les fromages bien sûr, mais aussi des veaux, des cochons, des chevreaux, de la charcuterie caprine, des châtaignes…»
Malgré de sérieux problèmes de parasitage intestinal ayant provoqué la perte d’une quinzaine de chèvres en 2018, le choix de produire bio n’est pas remis en question. « On ne veut pas donner de vermifuge chimique à nos animaux ; ces produits se retrouvent forcément dans le lait, dans le fumier, et ensuite dans les sols.»
Le lien principal de Noémie est celui qu’elle tisse avec les chèvres ; elle aime leur caractère indépendant, vif et imprévisible. Elle aime observer son troupeau, reconnaît les comportements de chacune. « Dans un troupeau, il y a toujours une hiérarchie et des dominantes, pas trop d’empathie ! Si une chèvre est plus faible, les autres se mettent contre elle. On en voit parfois qui font « la morte » pour ne pas se faire cogner par les autres.
Avec les cochons, c’est différent : ils nous connaissent, ils viennent vers nous comme des petits chiens. S’ils ont réussi à sortir de leur parc, ils ne vont jamais loin, ils arrivent devant la porte de la maison ! Le rapport n’est pas le même, on sait qu’on les élève pour la viande. Je suis végétarienne non pratiquante, conclut Noémie en riant. »
Noémie trouve qu’on attribue trop souvent des sentiments humains aux animaux et que c’est parfois exagéré. « Un animal n’est pas un enfant. On attribue aux animaux beaucoup d’empathie qu’ils n’ont peut-être pas. »
Et être une femme dans ce métier ?

« Je suis fière et je ne me sens pas moins bien traitée en tant que femme. Il n’y a qu’avec certains ouvriers qui sont venus faire le bâtiment agricole que je me suis sentie méprisée. Ils pensaient vraiment que je n’y connaissais rien, ils ne s’adressaient pas à moi mais seulement à Nathan et n’ont tenu aucun compte de mes suggestions concernant la fromagerie, alors que c’est quand-même mon domaine ! Parfois, quand je suis sur le tracteur, des gens s’arrêtent, étonnés, pour me regarder.”
Contact : Ferme du Chant du Riou 07570 Desaignes
Mail : fermeduchantduriou@gmail.com
Tel : 06 29 83 26 88 ou 06 59 49 58 01
