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Générations de femmes devant l’égalité…Suite

 

Quelle était votre place dans la famille en tant que fille ?

  • J’ai été très sollicitée, au quotidien, pour aider au ménage et garder mes petits frères, avec des responsabilités trop importantes pour une enfant de 8/9 ans.
  • En tant qu’aînée, j’ai été sur-sollicitée pour m’occuper des plus jeunes et cela m’angoissait.
  • Le dimanche, je cirais les chaussures de toute la famille, mais ma mère me disait : « N’accepte jamais de cirer les chaussures de ton mari ! »

Quels conseils vous donnait votre mère ? Y avait-il des sujets tabous ?

  • Ma mère ne me conseillait guère, nos échanges étaient très restreints.
  • Elle avait deux grandes peurs : que je tombe enceinte avant d’être mariée ou que je reste « vieille fille ». Pour elle, il fallait arriver vierge au mariage, sinon aucun homme ne voudrait de moi.
  • Aucune information de la part de ma mère, même au sujet des règles. Tout ce qu’elle m’a dit quand elles sont arrivées, c’est « Maintenant, tu dois faire attention ! »
  • Pas de sujet tabou. Ma mère était très moderne, on pouvait parler de tout. Elle m’a transmis son ouverture d’esprit.

Qu’est-ce qui aurait été différent si vous aviez été un garçon ?

  • Cela aurait certainement été différent au niveau des sollicitations familiales. Mais je ne pense pas que je me serais sentie plus à l’aise face au monde si j’avais été un garçon.
  • J’aurais eu moins de problèmes pour sortir. J’ai fait de la danse pendant quelques années ; si j’avais été un garçon, mon père n’aurait jamais accepté ça.
  • J’aurais aimé être un garçon pour me battre, mettre des beignes, me castagner pour un oui pour un non. Les garçons me semblaient plus légitimes pour se battre. Je ne l’ai pas fait à cause du regard des autres.

Vous êtes-vous sentie libre de vos choix ?

  • Je voulais être éducatrice spécialisée, mais pour être indépendante financièrement, j’ai accepté des petits boulots et j’ai renoncé à cette formation. Puis j’ai suivi mon mari dans son projet de restaurant. Cependant, vers la cinquantaine, je me suis rendu compte que j’avais été épouse, travailleuse associée, mère de famille, sans jamais me poser de questions. J’avais besoin de donner un sens à ma vie : j’ai changé d’orientation pour un métier plus dans le social.
  • Je savais ce que je ne voulais pas : vivre en ville ! Avec mon mari, ce qu’on a réussi à faire, c’est gratifiant : faire revivre une ferme, y élever nos enfants, faire de bons produits. La liberté m’a fait défaut surtout par manque d’argent dans le couple.
  • J’ai toujours voulu être autonome financièrement, pas question de dépendre d’un homme. J’ai cependant suivi mon compagnon dans ses changements de lieu. C’est rarement l’inverse qui se passe !

L’image de la femme a-t-elle changé, à votre avis ?

  • Les choses n’ont pas beaucoup changé : une femme qui ne veut pas d’enfant par exemple, c’est une tare. Elle a avantage à dire qu’elle ne peut pas en avoir.
  • Je trouve qu’on retourne vers davantage de pruderie aujourd’hui. Dans les années 80/90, il y avait une grande libération du corps de la femme. Maintenant il y a des extrêmes qui stigmatisent le corps féminin, soit comme objet, soit comme quelque chose de presque honteux, que l’on doit contrôler (ne pas parler de ses règles ou de ses hormones).

Et la place de la femme dans la famille et dans la société ?

  • Dans le monde agricole, la place de la femme a quand-même bien changé. Son travail est reconnu au même titre que celui de l’homme. Mais il a fallu pour cela attendre les années 2000.
  • En agriculture, le partage des tâches reste genré. Je n’ai pas besoin de me prouver que je suis aussi forte qu’un homme. Je préfère préparer à manger que d’aller abattre un arbre.
  • On a beaucoup avancé dans l’égalité homme/femme dans nos sociétés. La femme a été révélée, elle existe. On commence à rattraper toutes les années où elle a été tenue dans l’ombre, où elle était absente des manuels scolaires, de l’histoire, de la vie politique. C’est la volonté et la ténacité des femmes qui ont fait avancer les choses. Il y a aussi des retours en arrière, par exemple sur le droit à l’avortement. Cette mainmise des hommes sur le corps féminin me glace.
  • Le regard de la société sur les devoirs de la femme pèse encore très lourd. Ce qui a le plus évolué au cours de ces trois générations, c’est l’indépendance de la femme, le fait qu’elle ose davantage afficher sa liberté d’être.

Y a-t-il un caractère féminin ? Qu’est-ce qu’une femme ?

  • Oui, il y a un caractère féminin, j’aime les différences. L’homme et la femme voient le monde d’une façon différente et c’est important. Ce n’est pas plus ou moins de ceci ou de cela, c’est juste différent et ça peut être complémentaire.
  • Une femme, c’est une personne à part entière, qui ne doit pas être réduite à être la femme de.la fille de…la mère de…. Je pense qu’une femme s’adapte plus facilement et est plus persévérante, capable de prendre des détours pour arriver à son but.
  • Pour moi, le caractère féminin, c’est l’empathie, c’est être davantage à l’écoute de l’autre. Une femme, c’est quelqu’un qui se sent pleinement elle-même, qui s’accepte comme elle est, qui se sent belle intérieurement et peut exprimer tout ce qu’elle a en elle.

Vous diriez-vous féministe ?

  • Oui et non. Le féminisme a permis beaucoup d’avancées, mais il a parfois été trop extrémiste et caricatural. Je ne veux pas que ce soient les femmes qui deviennent dominantes à la place des hommes !
  • Je défendrais aussi bien les hommes maltraités ou méprisés que les femmes. Je me prononce pour l’égalité des droits, le respect de la personne humaine et la reconnaissance de la complémentarité hommes/femmes.

 

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